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Et si je vous disais qu‘en moins d’une heure, vous pouvez réaliser une enluminure en famille ou entre amis sur un plateau de jeu ?
C’est l’incroyable promesse de Scriptoria, édité aux Editions du Lion Vert, un jeu de pose de tuiles pas comme les autres, qui vous propose d’incarner le temps d’une partie un moine ou une moniale du XIIe, dédié à son art d’enlumineur et soumis aux fourberies et tentations les plus folles !
Au-delà du concept du jeu que je trouve génial, j’ai été très intriguée par sa conception. Ses créateurs, l’auteur à succès Fabien Clavel et le dessinateur Philippe Mompas, ont eu la gentillesse de répondre largement à toutes mes questions dans deux interviews exclusives. Suivez-moi !
Sommaire
ToggleScriptoria, un jeu de société envoûtant
Début 2022, au hasard d’une publicité Instagram, j’ai découvert la campagne Ulule d’une toute jeune maison d’éditions de jeu, les Éditions du Lion Vert.
Chaque semaine à la maison, nous avons une soirée jeux de plateau aussi je pense que c’est pour cela que l’algorithme m’a proposé cette campagne.
Ce qui m’a tout de suite séduit, c’était le thème et l’aspect visuel de ce jeu peu ordinaire : il traitait d’enluminures !
J’ai foncé sur la campagne et j’ai suivi avec délices et impatience le financement et la création de ce jeu qui me semblait taillé sur mesure. En janvier 2023, j’ai reçu ma boîte de jeu (augmentée de toutes les géniales contreparties débloquées par la campagne) et je suis tombée en amour avec Scriptoria, tant pour sa qualité visuelle que pour la qualité du jeu. C’est pourquoi je ne pouvais manquer de vous en parler ici !
Scriptoria, qu'est-ce que c'est ?
Scriptoria est un jeu de pose de tuiles, largement accessoirisés, qui vous permet d’incarner un moine ou une moniale copiste de l’abbaye de Dalheim en Allemagne au XIIe. Vous devez réaliser une double page enluminée, en réalisant sur votre parchemin des esquisses grâce aux encres gagnées plus ou moins sournoisement.
La partie se termine lorsque l’un des joueurs a fini son enluminure et le gagnant est celui qui a obtenu le plus de points d’enluminures.
Mais celui qui explique le mieux son jeu, c’est Fabien Clavel son créateur, dans la vidéo de présentation ci-dessous 👇
Mon avis sur le jeu
Scriptoria est un jeu auquel nous jouons régulièrement avec mon aîné de 9 ans. Il est donc très accessible. Il faut compter entre 30 minutes et une heure pour une partie. La double page enluminée est largement faisable dans ce laps de temps et mon petit cœur d’enlumineresse amateur est toujours très heureuse de découvrir le résultat !
En résumé, voici mon bilan :
Ce que j'aime
- Le concept (évidemment) on plonge immédiatement dans l’ambiance dès l’ouverture de la boîte
- La richesse du scénario et la qualité des supports de jeu (souci de l’esthétisme et du détail jusque dans les tours de jeu “les heures”, encres en verre de couleurs, boîtes simulant des grimoires)
- La simplicité des règles de base (il faut un peu de temps au premier tour mais la prise en main est simple)
- Les nombreux addendums et l’extension L’Enfer de la Bibliothèque qui apportent un vrai plus
- La possibilité de jouer seul avec l’addendum Soror Adhelma
Ce que j'aime moins
- La limite du jeu à 4 joueurs qui empêche souvent d’y jouer entre amis. Une extension 5/6 joueurs serait formidable
- Certains addendums qui ne sont pas forcément très clairs à comprendre au démarrage
- La profusion d’encres qu’on n’utilise pas (2 types d’encres reçues en verre et plastique + les jetons cartonnés) mais je pense que c’est uniquement pour les jeux reçus dans le cadre de la campagne Ulule.
Edit: Le Lion Vert m’a expliqué le pourquoi des encres, ce qui m’amène à revoir le dernier point : les jetons cartonnées sont pour les daltoniens, ce qui leur permet de pouvoir jouer à Scriptoria sans difficulté, ce que je trouve génial. Les encres en verre sont uniquement pour la campagne Ulule (yes, je suis une chanceuse). Ce sont bien les encres en plastique qui sont de séries dans la boîte.
Créer Scriptoria : Fabien Clavel
Fabien Clavel est un auteur de fantasy et de fantasy historique aussi bien en romans adultes (Nephilim, La Niréide) que jeunesse (La Dernière Odyssée, L’Apprentie de Merlin, Les Orphelins du rail). Il n’est pas un inconnu dans l’univers du jeux puisqu’il est l’auteur de scénarii (Unlock! Les Escape Geeks) et de jeux de rôles (Nephilim, Les Héritiers).
Il a très gentiment pris le temps de répondre à ma curiosité de fan du jeu !
Dans l’interview de la campagne Ulule vous expliqué que l’idée du jeu était venue à l’origine de faire un jeu autour de la calligraphie. Comment avez-vous réorienté le thème vers l’enluminure ?
En fait, j’ai rapidement été bloqué par la calligraphie. Je ne parvenais pas à la modéliser pour la faire entrer dans un jeu. Je me suis rabattu sur un thème qui me « parlait » plus : l’enluminure, avec les pages de manuscrit, les couleurs, l’ambiance monastique. Pour moi, c’était déjà plus romanesque. Et pour modéliser une page, c’était beaucoup plus simple. Rien qu’en consultant des images en ligne, des éléments récurrents se repéraient : une miniature sur la page de gauche, le texte à droite avec une lettrine, une frise atour de la page.
Que connaissiez-vous de l’enluminure avant le jeu (ou quelle vision en aviez-vous ?)
Par ma formation en lettres classiques, je connaissais un peu les manuscrits antiques.
Sinon, j’avais vu l’exposition des manuscrits de la BNF il y a une vingtaine d’années. J’en avais surtout retenu la beauté des pages. Pour un amoureux des livres comme moi, c’est un plaisir ambivalent : c’est à la fois l’objet livre poussé jusqu’à l’œuvre d’art. En même temps, c’est le souvenir d’un temps où une seule minuscule minorité de personnes avaient accès à la lecture.
Vous dites dans l’interview que vous vous êtes documenté. Quelles sont les sources qui vous ont le plus appris et avez-vous fait des découvertes surprenantes ?
Ma documentation a été surtout faite en ligne. Je me suis renseigné sur le vocabulaire, sur les pigments, les modes de production. Je n’ai pas eu de révélation bouleversante à ce moment-là. Mais c’est sans doute parce que mes recherches n’étaient pas très poussées. Beaucoup d’éléments ressemblaient à l’organisation des ateliers de copistes à Rome dans l’Antiquité.
Faire une enluminure en 1h c’est un beau défi, même dans un jeu ! Comment avez-vous réussi avec l’éditeur à trouver LA bonne formule de jeu pour que la magie opère ? (car on a vraiment l’impression de créer son enluminure)
Ce compliment me fait très plaisir parce que je suis vraiment parti du thème. Dans le thème, un jeu propose une simple simulation du réel, une illusion. Il n’a pas besoin d’être trop fidèle. Un des premiers tests du jeu auprès d’un éditeur m’a fait prendre conscience qu’il fallait absolument terminer l’enluminure à la fin de la partie afin d’avoir un sentiment de satisfaction (et de frustration si l’on n’y avait pas réussi). Des petites mécaniques sont venues là pour permettre d’achever la double page, notamment les jetons Aide, ainsi que le Matériel des Lutrins. Pour tenir en une heure, j’ai trouvé un moyen d’accélérer la partie avec les frises gratuites. Cela permettait d’éliminer un point faible du jeu : il y a beaucoup de frises et cela pouvait devenir lassant. En proposant le choix de les dessiner gratuitement (sans marquer de points), cela redonnait de la tension. Et cela raccourcissait avantageusement les parties. En plus, cela restait thématique : un assistant travaille pour vous et on ne peut pas récolter les fruits de son travail.
Le choix du monastère de Dalheim est vraiment intriguant et passionnant. Pouvez-vous nous en dire plus et comment l’avez-vous « découvert » ?
Je voulais qu’on puisse jouer à la fois des moines et des moniales pour des questions d’inclusivité. J’ai recherché si on possédait des preuves que des femmes avaient pu être enlumineuses. Et je suis tombé sur le monastère de Dalheim en Allemagne. J’ai ensuite découvert que Dalheim possédait un monastère double, avec des moines d’un côté et des moniales de l’autre. Mais j’ai été un peu rapide : il semble que ce soit deux Dalheim différents, dans deux régions d’Allemagne.
Les extensions font penser au Nom de la Rose, est-ce délibéré ?
C’est une des premières idées qui vient quand on parle de scriptorium. En effet, quand une testeuse a émis l’idée d’ajouter les sept péchés capitaux, j’ai pensé au Nom de la Rose. C’est ainsi que la moniale qu’on affronte dans la version solo s’appelle Adelma, d’après la première victime, frère Adelme, qui meurt dans le roman.
Le grand atout du jeu est son aspect visuel et graphique irréprochable. Avez-vous participé à la création graphique et aviez-vous un univers visuel (style, ambiance) en tête ?
En fait, je me suis fabriqué un premier prototype à partir d’images prises en ligne, des fragments de différentes enluminures. Je savais déjà que je voulais un motif végétal pour la frise. Je voulais mettre aussi une miniature représentant un copiste pour jouer sur la mise en abyme. En revanche, c’est Philippe [Mompas] qui a eu l’idée d’y ajouter les outils de l’enlumineur. Il a aussi ajouté de nombreux éléments en-dehors de la double page.
Comment passe-t-on de romancier à succès à créateur d’un jeu aussi unique ?
Romancier à succès, je ne sais pas… En réalité, nombre de mes romans ont un rapport direct avec le jeu : mes cinq premiers livres étaient inspirés d’un jeu de rôle. J’ai écrit plusieurs livres-jeu. Pour moi, le jeu, la lecture et l’écriture ont pour point commun : la fiction. Et dans un roman, il y a toujours un jeu avec le lecteur. Et puis, j’ai quand même fait un jeu qui parle de livres ! Finalement, ce sont toujours les mêmes obsessions qui reviennent.
Que retenez-vous de cette aventure de jeu et de cette immersion dans le monde des enluminures ?
Cette aventure a commencé un jour de week-end avec l’envie de trouver un thème différent, pour échapper par exemple à une resucée de fantasy. Avec Wingspan, qui parle de l’observation des oiseaux, Elizabeth Hargrave, l’autrice, nous avait montré qu’on pouvait être plus aventureux dans le choix des thèmes de jeu. Je suis heureux que les amateurs et amatrices d’enluminures s’y retrouvent.
Si vous souhaitez en savoir encore plus sur la construction du jeu et découvrir les maquettes et références de Fabien Clavel, je vous invite à parcourir le Carnet d’auteur de son blog. 4 posts sont consacrés à l’élaboration de Scriptoria !
Dessiner Scriptoria : Philippe Mompas
Philippe Mompas est un artiste illustrateur habitué des jeux du Lion Vert puisqu’il est aussi l’illustrateur de Gévaudan, sur les traces de la bête et Codex, L’ultime Secret de Léonard de Vinci.
Sa démarche artistique a été une vraie découverte pour moi !
Comment vous êtes-vous retrouvé à travailler sur le projet de Scriptoria ?
J’avais déjà eu la chance de travailler avec Florent Cautela, éditeur et auteur du jeu Codex: L’Ultime secret de Léonard de Vinci. Aussi, quand il m’a proposé de relever le défi de la réalisation du jeu Scriptoria, je n’ai pas hésité un instant !
Connaissiez-vous l’enluminure avant de travailler sur Scriptoria et si oui quelle vision en aviez- vous ?
En tant qu’amateur d’art et graphiste, je connaissais bien entendu l’enluminure. J’ai toujours eu une attirance particulière pour cet art très délicat et les manuscrits anciens. J’en avais néanmoins une vision assez simpliste : un dessin « naïf », des couleurs primaires, des ornements plus ou moins complexes.
Avez-vous fait des recherches graphiques spécifiques comme par exemple le style des manuscrits produits au monastère de Dalheim en 1166 ?
Oui, bien entendu, j’ai réalisé beaucoup de recherches, non seulement, afin de trouver des motifs et des dessins qui pouvaient m’inspirer mais également afin d’appréhender les techniques utilisées. La principale difficulté était de trouver un style qui me permette de concevoir une composition d’ensemble aussi réaliste que possible tout en respectant les contraintes d’un jeu.
Y-a-t-il des éléments dans l’enluminure qui vous ont surpris ?
Je n’ai pas eu de réelles surprises, hormis l’extraordinaire finesse de certaines enluminures qui m’a beaucoup impressionné…
Comment avez-vous collaboré avec Fabien Clavel ? Aviez-vous carte blanche ou un brief précis sur l’illustration du jeu ?
La réalisation d’un jeu est un travail assez complexe fait d’échanges permanents. Concernant Scriptoria, c’est un travail à trois, avec Fabien Clavel et Florent Cautela. Fabien Clavel qui avait réalisé un prototype du jeu et Florent Cautela qui en a assuré le développement m’ont guidé tout au long de la conception graphique. La conception d’un jeu s’apparente à la conception d’une miniature : chaque élément doit avoir sa qualité intrinsèque tout en participant d’un ensemble qui doit rester équilibré et lisible. Et s’agissant d’un jeu, il s’agit de trouver un équilibre entre « jouabilité » et réalisme.
Comment avez-vous décidé du style d’enluminure pour le jeu ? Quelles ont été vos sources d’inspiration ? La miniature de l’enluminure, les bordures et les lettrines ornées sont-elles totalement originales ou inspirées de certains manuscrits ?
Très vite, nous avons identifié le sujet du moine copiste afin de créer une mise en abîme. J’ai ainsi resserré mes recherches sur ce thème assez courant. Puis, tel un moine, j’ai recopié de nombreuses miniatures pour ensuite les redessiner, en isoler des parties et enfin les associer, afin de proposer une composition originale compréhensible pour les non-connaisseurs. Au fil des versions et des retouches, je me ainsi suis éloigné de mes modèles.
Pour les lettrines et les bordures, le processus fut plus simple mais identique.
Pour les objets comme le lutrin ou la coupelle, vous êtes-vous inspiré d’objets historiques ?
Oui, Fabien et Florent souhaitaient recréer une expérience aussi immersive que possible, j’ai donc réalisé de nombreuses recherches pour tous les autres éléments du jeu. Ce fut laborieux mais passionnant. La difficulté était ensuite de reproduire ces éléments dans un environnement à deux dimensions et donc sans relief, dans les limites des plateaux de jeu.
Comment avez-vous réalisé vos illustrations ? Quelles sont les étapes pour réaliser l’illustration d’un jeu ?
L’enluminure a été dessinée à la main, au crayon puis à la plume et à une échelle beaucoup plus grande. La plupart des éléments ont été dessinés isolément. Tous ces dessins ont été ensuite scannés afin d’être assemblés et coloriés numériquement « à la main ».
Tous les autres éléments du jeu ont quant à eux été réalisés entièrement numériquement et associent éléments photographiques retouchés et dessins.
Concrètement comment se joue Scriptoria ?
Et si nous parlions jeu ? Voici 2 vidéos de parties commentées qui vous aideront à mieux appréhender la jouabilité.
Personnellement c’est celle de Vincent et Mister Lou qui m’a donnée envie d’y jouer !
Je vous ai mis également la vidéo de la partie solo.
Où trouver Scriptoria ?
Si le jeu vous a séduit, vous voudrez certainement en savoir plus.
Le jeu est disponible chez Philibert pour 40,50€ ou directement chez Le Lion Vert avec la possibilité d’acheter l’extension L’enfer de la Bibliothèque.
Pour le détail de la boîte du jeu de base :
- 4 plateaux Manuscrit individuels
- 1 plateau Scriptorium (score + tuiles de réserve)
- 6 Lutrins
- 140 tuiles Esquisses
- 16 tuiles Achèvements
- 78 encres
- 12 jetons Aide
- 4 pions Copistes
- 1 pion Premier joueur (plume)
- 1 pion Grimoire
- 1 livret de règles en français
- 1 livret de règles en anglais
Et pour les fans de jeu en ligne, vous pouvez également jouer en ligne gratuitement sur boardgamearena !
Si vous êtes amateur de jeux, je vous recommande vraiment de l’essayer. C’est un jeu séduisant, accessible à tous et qui fait son effet auprès des joueurs par la qualité de son matériel et de son scénario !
Ça a l’air très sympa comme jeu. À tester !
Oui, il mérite d’être connu ! L’essayer, c’est l’adopter !
Waouh ! Je ne joue pas trop, mais j’avoue que ce jeu-là me tente bien !
Super article et très belle découverte !
Merci Brunhild ! Dis-moi ce que tu en penses lorsque tu l’auras essayé !