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Quelle encre utiliser en calligraphie et enluminure ?

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L’encre est certainement le matériau auquel on pense le moins puisqu’elle est disponible facilement et partout : dans nos stylos billes, nos imprimantes… Et je l’avoue, jusqu’à l’écriture de cet article je ne m’étais pas beaucoup interrogée sur le sujet….

Et l’on a tous un souvenir plus ou moins lointain d’un cours d’Art Plastique où l’on a manipulé de l’encre de Chine, cette encre noire et qui tâche bien. Mais est-ce vraiment seulement cela, l’encre de nos manuscrits ?

L’encre va de paire avec l’histoire de l’écriture puisque l’on retrouve ses traces sur des papyrus vieux de -2500 ans et à la même époque qu’en Chine.

Si l’on veut s’interroger sur l’encre, il faut distinguer deux types : l’encre au noir de carbone et l’encre métallo-gallique.

Les encres au noir de carbone

Comme je le disais plus haut, les encres au noir de carbone sont les plus anciennes et l’encre de Chine est l’une d’elle.

Elles sont fabriquées à partir de la combustion de bois et d’un liant pour l’adhérence et la viscosité de l’encre. Ainsi l‘encre de Chine se présente sous la forme d’un bâton d’encre (souvent richement décoré et doré) constitué de noir de lampe ou de fumée et de colle de peau ou gélatine.  Il suffit de frotter le bâton sur une pierre avec de l’eau pour obtenir l’encre. Attention toutefois au dosage !

Il existe aussi le Sefer Torah, similaire dans sa composition à l’encre de Chine mais avec une valeur spirituelle dans sa préparation et le bistre qui est brun et surtout utilisé pour les esquisses.

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Depuis le XIXe, ces encres sont vendues prêtes à l’emploi et mêlent un pigment noir (de carbone ou de fumée) à un médium aqueux avec parfois même un peu d’alcool pour accélérer le séchage et des conservateurs.  Ce sont ces encres que l’on retrouve généralement dans vos magasins créatifs préférés.

Encre de Chine

L' encre métallo-gallique

Malgré son nom barbare, elle est d’origine naturelle car on l’appelle aussi encre de noix de galle, ingrédient principal de cette encre. Elle apparaît en Europe au XIIe dans le traité « De diversis Artibus » du moine Théophile.

A l’origine, sans liant, ce n’est qu’au XIIIe que la recette évolue en incluant de la gomme arabique et des sels métalliques (vitriol vert de fer pour une encre noire ou vitriol bleu de cuivre pour une encre brune).

C’est en macérant la noix de galle (ces petites boules parasites que l’on trouve sur les feuilles du chêne)  que vous pourrez en extraire le tannin. Veillez à choisir les boules non percées, avec la larve encore dedans pour avoir un macérat plus intense.

Ces encres étant à base de vitriol, mieux vaut utiliser le calame pour ne pas abîmer vos plumes métalliques.

Autres encres existantes

Pour être vraiment exhaustive, il me faut citer l’encre Sépia qui utilisait à l’origine l’encre des seiches, poulpes et calamars pour les lavis du XIXe. Cette encre a été rapidement abandonnée de par sa mauvaise tenue dans le temps et la difficulté pour s’en procurer.

L’encre à l’aniline est cette fameuse encre violette que l’on trouve sur les cahiers des écoliers du XIXe et XXe. C’est elle qui, non corrosive pour les plumes,  a semé le glas des encres à pigments.

Enfin, pour répondre à mon introduction, l‘encre du stylo à bille  est une encre insoluble dans l’eau, originaire de l’imprimerie. Mais je ne rentrerai pas plus dans les détails car l’imprimerie est un vaste sujet qui n’est pas le nôtre ici.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les encres dans l’histoire, visionnez la très exhaustive vidéo de l’Opératorium ci-dessous.👇

Quelle(s) encre(s) en enluminure ?

L’enluminure a plusieurs besoin d’encres dans son élaboration.

Évidemment, la calligraphie du texte demande une encre noire et opaque, non invasive pour votre plume ou alors utilisez un calame (roseau taillé en pointe). L’encre de Chine est parfaite si vous souhaitez être authentique et elle vous assure une grande opacité du trait.

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En dehors de la calligraphie, vous utiliserez l’encre pour différentes étapes.

Il vous faudra une encre brune et claire non couvrante pour fixer les traits du dessin avant d’appliquer la peinture. Le plus simple est de prendre un encre calligraphique sépia et de la diluer pour obtenir un lavis.  Attention à ne pas prendre des encres aquarelles qui se dissoudraient au contact de l’eau et de la peinture !

Pour les rehauts et certains détails précis qui ne peuvent pas être faits au pinceaux, il vous faudra des encres bien opaques (parfois de couleurs) de type encre de Chine ou encre d’aérographe.

Quelles encres choisir ?

Comme je le disais plus haut, tout va dépendre de votre usage et si vous souhaitez de l’encre authentique pour votre pratique ou de l’encre vendue en magasin d’Art.

Si vous souhaitez réaliser vous-même l’encre métallo-gallique, je vous propose cette recette illustrée avec un grand sens artistique par cette vidéo.

Toutefois, si vous débutez ou si l’authenticité n’est pas votre critère premier,  je vous conseille pour des questions de facilité et de plus grande stabilité, l’achat d’encre en petit format car vous n’en utiliserez pas beaucoup, sauf si vous faites de grandes pages de calligraphie, ce qui n’est pas mon cas.

Le meilleur rapport qualité prix est la gamme d’encres de Rohrer Klingner qui propose des mini-flacons de 12 ml, ce qui est très pratique pour acquérir des encres de couleurs.

Sennelier vient de lancer une nouvelle gamme d’encres, Abstract, qui s’annonce être de grande qualité.

Pour ce qui est de l’encre de Chine, Rohrer et Sennelier en propose en différents formats. Vous devriez y trouver votre bonheur.

Plume, Plume métallique ou calame pour appliquer l'encre ?

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© Olivier Morel

La pratique historique de la calligraphie vous amènera à choisir les plumes taillées et le calame pour pouvoir travailler avec le plus d’authenticité. Certains me disent même trouver l’utilisation du calame plus agréable sur le parchemin que la plume métallique qui a tendance à accrocher.

Encore une fois, me concernant, comme je priorise la pratique à la reconstitution historique, j’utilise des plumes métalliques pour mon dessin et ma calligraphie.

Comme je vous l’indique dans mon programme de 6 jours pour apprivoiser l’enluminure, j‘utilise principalement des plumes Hiro Leonhardt.

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Il m’arrive aussi d’utiliser pour l’écriture gothique des Speedball.

Indispensable au manuscrit comme à l’enluminure, l’encre est le médium le plus ancien de notre Art. Si l’on pense beaucoup à l’importance du choix du parchemin ou des pigments, nous oublions souvent l’importance d’avoir une encre opaque, de bonne qualité et qui sera stable dans le temps.

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© Olivier Morel
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