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L’enluminure est cet art trop souvent considéré comme médiéval qui consiste à orner sur parchemin des manuscrits.
Vieille de plusieurs millénaires, vous allez découvrir que l’histoire de l’enluminure est intimement liée à celle de notre civilisation. A chaque grande période historique correspond un style, avec bien évidemment un apogée médiéval. Pourtant, l’enluminure continue de s’épanouir au XXIe siècle.
Pour preuve vous, lecteur, qui êtes en train de lire ces lignes !
En préparant cet article, j’ai découvert beaucoup de détails passionnants qui m’ont inspiré pour de futurs articles. Mais c’était surtout l’occasion idéale de remettre les styles et époques dans l’odre et dans leur contexte !
Sommaire
ToggleDéfinition de l’enluminure
L’enluminure vient du verbe latin illuminare qui signifie littéralement mettre en lumière.
Il s’agissait bien à l’origine de mettre en lumière des textes manuscrits grâce à la brillance des feuilles de métal appliquées (or ou argent) et à l’éclat des pigments de couleurs.
Au XIIIe siècle, on désignait par enluminure tout usage de la dorure dans les manuscrits. Au haut Moyen Âge, la tradition constituait à l’ornementation d’une initiale, appelée lettrine ou lettre ornée, puis l’usage fut de l’étendre à toute la page calligraphiée.
Aujourd’hui, le terme regroupe tous les éléments d’embellissement dans des manuscrits, qu’ils soient imagés ou décoratifs.
Les origines de l’enluminure
Des rouleaux de papyrus aux codex en parchemin
Contrairement aux idées reçues, l’enluminure n’est pas née au Moyen-âge, mais plus d’un millénaire avant !
Les premières enluminures sont visibles sur les rouleaux de papyrus de l’Égypte pharaonique, notamment dans le Livre des Morts d’Ani ou de Turin. Bien avant les moines, les scribes étaient les premiers enlumineurs !
L’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie ne nous a pas permis d’avoir connaissance des manuscrits illustrés de l’Antiquité, mais il y a fort à parier que de nombreuses merveilles y étaient conservées.
Pendant les premiers siècles de la chrétienté, « codex » et rouleaux cohabitent. Les codex relient des pages en peaux de bovins entre deux couvertures alors que le papyrus végétal reste le propre du rouleau. Tous illustrés et supports de textes religieux, ils deviennent représentatifs de leur foi. Si le codex est dorénavant le support de la Bible, le rouleau reste celui de la Torah.
Avec le parchemin, il est beaucoup plus facile de superposer les couches de peinture et de poser l’or. Dès lors, l’enluminure devient une ornementation des Bibles et textes religieux.
Les invasions barbares du Ve siècle enferment et sacralisent les enluminures
Après la chute de l’Empire romain d’occident, les vagues d’invasions barbares contraignent les artistes et scribes à rechercher la protection des monastères et abbayes. Désormais produit à huis clos, l’art de l’enluminure va se développer et se professionnaliser et portera la couleur de chaque scriptorium monastique.
Les 6 grands styles de l'enluminure
Il existe de nombreux styles d’enluminures, chacun variant selon l’époque et le pays. Il est cependant généralement reconnu 6 grands styles essentiels de l’enluminure.
Les enluminures insulaires ou la naissance du style celte (VIe au VIIIe siècle)
L’évangélisation de l’Irlande par Saint Patrick au Ve siècle vit naître de nombreuses abbayes et monastères abritant moines copistes, artisans et intellectuels. C’est tout naturellement que l’enluminure celte s’inspirera du travail d’orfèvrerie et de ferronnerie des Irlandais, notamment en utilisant les ornementations en entrelacs ou en spirales si caractéristiques de l’art celte.
C’est dans ce contexte de création fertile que naîtront les plus célèbres manuscrits enluminés comme le Livre de Kells, de Dimma, de Mulling ou de Durrow ainsi que l’Évangéliaire de Lindisfarne.
Les enluminures carolingienne (IXe – Xe)
Contrairement à l’époque mérovingienne, les enluminures de cette époque ne proviennent plus uniquement des monastères, mais pour la plupart du mécénat de la cour de Charlemagne.
Esthétiquement, l’art se rapproche du style romain et de la mosaïque antique avec de grandes illustrations et des parchemins teintés de pourpres donnant une couleur particulière aux pigments et à la feuille d’or.
Parmi les manuscrits les plus représentatifs de la période, il y a l’évangéliaire de Saint-Médard de Soissons, l’Évangéliaire du Couronnement, l’Évangéliaire de Lorsch, L’Évangile de Godescalc ou le Psautier de Dagulf.
Les enluminures de type roman (Xe – XIIe)
Directement influencé par l’art byzantin et italien, ce style se répand grâce aux grands ordres religieux comme les ordres bénédictins ou cisterciens. L’enluminure a largement été aidée par la réforme monastique en cours à l’époque.
En effet, chaque abbaye se voit contrainte de fabriquer les ouvrages religieux dont elle a besoin pour sa liturgie. La copie des Livres Saints est donc une nécessité. L’ordre des Chartreux prévoit même que chaque moine ait une activité de copiste.
Les drôleries font leur apparition et de vraies différences régionales reflètent la spécificité de chaque monastère.
D’une manière générale, le style roman est très imaginatif, car sans perspective, tout est possible ! Personnages zoomorphiques, figures géométriques, drapés tuyautés, couleurs éclatantes…
Parmi les ouvrages les plus célèbres de ce style, on peut citer la Grande Bible de Clairvaux, la Bible de Souvigny ou le lectionnaire de Cluny.
Les enluminures de style gothique primitif (XIIIe-XIVe)
Vrai pont entre art roman et art gothique, ces enluminures voient l’apparition de scènes laïques comme celles de la vie quotidienne dans leurs sujets.
En effet, de plus en plus de laïcs deviennent enlumineurs ce qui traduit bien le bouleversement social de l’époque. Une production commerciale de livres voit le jour en parallèle de celle monacale.
Les universités fleurissent et des corporations d’enlumineurs font leur apparition. Esthétiquement, les filigranes se mêlent aux drôleries et aux illustrations de marges.
Les enluminures de style gothique (XVe)
À l’aube de la naissance de l’imprimerie, l’enluminure se veut plus naturaliste, proche de la réalité. Les feuilles d’acanthes se mêlent à l’or en profusion pour des résultats très raffinés.
De grands ateliers d’enluminures voient le jour, notamment en Italie et dans les Flandres et de nombreux mécènes permettent leur développement. Livres d’heures, graduels, littérature courtoise… Tous les genres se mêlent selon la demande de plus en plus croissante des nobles et des gentes dames. De grands noms de l’enluminure apparaissent comme Jan van Eyck, Jean Fouquet ou Andrea Mantegna aux dépens des particularismes régionaux.
Peu à peu, l’enluminure s’inspire de l’architecture gothique, notamment de la Sainte Chapelle.
Les enluminures de style Renaissance dit italien (XVe)
Avec la propagation de la Renaissance en Europe, naît un nouvel intérêt pour les motifs classiques.
Les enluminures sont désormais extrêmement précises et fidèles à l’anatomie et à la nature. Les motifs de vigne blanche très populaires à cette époque, ne sont finalement qu’une évolution du décor de feuillage du style gothique.
L’enluminure s’inspire de plus en plus de la sculpture. Les lettrines ressemblent à des inscriptions sculptées dans la pierre, rainurées, à facettes et au style antique : cornes d’abondance, dauphin, guirlandes, feuilles d’acanthe et médaillons.
Et après ? les enluminures aujourd'hui
Avec l’arrivée de l’imprimerie, le papier prend la place du parchemin beaucoup trop contraignant et onéreux. Les copies de manuscrits ne peuvent plus rivaliser avec l’impression en série.
Si le manuscrit enluminé tombe en désuétude pour un public lettré grandissant, il n’en gagne pas moins ses lettres de noblesse en devenant un objet d’art et de prestige.
L’enluminure continuera à évoluer au fil des siècles selon les différents courants artistiques sans jamais disparaître. Aujourd’hui, le métier d’enlumineur est reconnu comme métier d’Art et son art est assez éloigné de la pratique de copiste d’enluminures médiévales traditionnelles.
Et si vous me lisez aujourd’hui, cela signifie que vous y trouvez un intérêt, vous au XXIe siècle et à l’ère du numérique. L’enluminure a encore de beaux jours devant elle !
Je disais en introduction que cet article m’a inspiré de nombreux sujets à traiter dans de prochains articles mais peut-être en avez-vous qui vous intéresseraient ? N’hésitez pas à me l’indiquer en commentaires !
Ping : Qu'est-ce que le parchemin et où s'en procurer ? - Monde des Enluminures
C’est vraiment en tant que novice que j’ai décidé de lire ton article. Je ne connais vraiment pas grand chose à l’art. Je dois dire que j’ai malgré tout été très intéressée par tous ces détails sur les enluminures. Je verrai cela d’un autre oeil désormais! Merci
Merci Véronique pour tes encouragements. Comme il s’agit d’un premier article, je suis ravie de savoir qu’il ait pu intéresser!
Merci pour cet article très intéressant ! Est-ce que les enlumineurs etaient aussi des calligraphes ou c’était deux métiers bien distincts ?
En fait, à la “grande époque” médiévale de l’enluminure, chacun était spécialisé à sa tache : le parcheminier, le broyeur de couleurs, le calligraphe et l’enlumineur. Lorsque l’enluminure est devenue moins répondue, les ateliers ont diminués en taille et l’enlumineur a dû être calligraphe par la force des choses. C’est toujours le cas aujourd’hui. Par contre, tous les calligraphes ne sont pas enlumineurs 😉
Très intéressant ton article, c’est une très belle découverte merci
Merci à toi pour ton message !